Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu de leurs propres yeux, le visage du Bief a bien changé. Son port a tout d’abord été dragué et remis en état fin 2016. Des travaux de renaturation à l’embouchure du cours d’eau ont quant à eux débuté en novembre dernier pour se terminer en juin. Au final, ce bout de rivière qui marque la frontière entre Morges et Préverenges a retrouvé un lit naturel.
«À l’origine, le Bief se jetait directement dans le lac en aval de la route cantonale», rappelle Alain Jaccard, chef de service des infrastructures et gestion urbaine à Morges. Son tracé a cependant été passablement modifié depuis les années 60, notamment à cause de différents remblayages intervenus lors de la construction de l’autoroute, de la STEP ou de l’aménagement du Parc de Vertou ainsi que de l’Esplanade Delarageaz.
Au final, le lit du Bief a été utilisé pour créer le port du même nom. Un choix qui s’avérera rapidement être le mauvais. «Comme un cours d’eau charrie des matériaux, ces derniers venaient se déposer dans cet espace et rendaient l’endroit peu fonctionnel pour les bateaux à cause de la hauteur d’eau fortement réduite par ces éléments», détaille Alain Jaccard.
Intercommunal
Il aura cependant fallu un certain temps avant que les autorités remédient au problème. Si l’aménagement d’un nouveau port qui aurait notamment pu accueillir la galère est étudié en 2001, l’idée passe à la trappe en 2003. Ce n’est que dix ans plus tard que les communes de Morges et Préverenges, considérant d’une part «les problèmes récurrents d’ensablement» et, d’autre part, «l’intérêt écologique», relancent le projet de détournement et de réaménagement du Bief, en aval de la route cantonale jusqu’à son embouchure.
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Avec pour résultat un port tout neuf qui ravit les navigateurs, mais également un secteur que les autorités ont voulu exemplaire en matière de biodiversité. Depuis des années, Préverenges est une escale printanière incontournable pour les oiseaux migrateurs qui arrivent d’Afrique et sont en route pour la Toundra arctique. «Le projet de renaturation du Bief constituera un relais particulièrement bien placé pour les oiseaux limicoles, car il se trouve dans la baie la plus septentrionale du Léman. De plus, il complétera avantageusement le dispositif existant de l’Ile des Oiseaux, créée en 2001-2002 sous l’impulsion du Cercle ornithologique de Lausanne et située 1800 mètres plus à l’Est», estiment les autorités.
La rive remblayée dans les années 70 a donc été remodelée afin de former un estuaire offrant abris et substrats répondants aux exigences des différentes espèces d’oiseaux. Le reste de la faune et de la flore n’a cependant pas été oublié. «Nous avons construit des refuges pour les poissons et des plantes indigènes ont été introduites, ajoute Alain Jaccard. Un bras mort a également été constitué dans une partie de l’ancien lit. On espère que des petits animaux comme les batraciens puissent s’y installer dans un avenir relativement proche.»
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